En cette veille de l’Armistice, une cérémonie de deux heures, en deux endroits symboliques, a réuni des personnalités civiles et militaires, pour inaugurer la plaque du monument aux morts de Stutzheim reproduite à l’identique, une borne de la voie de la 2ème DB et un monument à la Paix et à l’amitié franco-allemande.

ceremonie 11 nov 2019 2Au petit matin, dans la brume, le nouveau monument a été recouvert d’une toile blanche, la borne d’un drapeau tricolore. Une messe a été célébrée à 8 h 30 par le Père Rakoto.

La cérémonie a été rehaussée par la présence de la batterie fanfare de Kuttolsheim, un détachement de gendarmes, des militaires de la 2ème CCT d’Illkirch (compagnie de commandement et de transmissions), des pompiers et les JSP du Kochersberg, des reconstituteurs en uniformes de 1944 et leurs véhicules militaires.

Après le passage en revue des troupes en présence du sous-préfet Dubreuil de Saverne, de Justin Vogel président de la Com com, de Martine Wonner députée et du maire Jean-Charles Lambert, des enfants du collège de Pfulgriesheim ont lu d’émouvantes lettres de soldats envoyées pendant la guerre à leurs familles.

Une nouvelle plaque en grès a été inaugurée par les personnalités déjà citées, ainsi que le lieutenant-colonel Didierdefresse représentant le gouverneur militaire de Strasbourg et le colonel Korsakoff, commandant en second du groupement de gendarmerie départementale du Bas-Rhin.
« Le maire a rappelé que ce monument a une histoire qui reflète aussi bien les vicissitudes de l’histoire que le statut local en Alsace.
Cette histoire commence en 1918, après une période de 48 ans au cours de laquelle l’Alsace était un Reichsland.
Après leur retour au village, aucun ancien combattant de la guerre 14-18 ne pouvait oublier la guerre et tous voulaient rendre grâce pour avoir échappé au grand massacre. Au début des années 1920, le curé avait comme projet de réaliser une statue de Jeanne d’Arc, qu’il proposa au maire Arthur Quirin. Mais le maire ne donna aucune suite à cette demande.
Le temps passa et en 1937, le maire Michel Muller et un petit groupe de conseillers municipaux, tous anciens combattants de la Grande Guerre, décidèrent de remettre la question d’un monument à l’ordre du jour. Le curé avait ramené de Lourdes une grande statue de la Vierge, financée par les anciens combattants du village. Ainsi, comme dans d’autres communes alsaciennes, il fut décidé de construire une grotte de Lourdes à côté de l’église, sur le terrain de l’ancien cimetière. Cette construction servirait de Monument aux morts et de lieu de prière pour implorer Notre-Dame, afin qu’elle protège le village et préserve le pays d’une nouvelle guerre. Car ici, on savait déjà, en 1937, ce qui se préparait de l’autre côté du Rhin et on craignait le pire.
L’inauguration officielle eu lieu le 8 décembre 1938. Sur le devant de la grotte était fixée une plaque commémorative avec les noms des victimes de la guerre de 14-18.
Puis hélas ce fut à nouveau la guerre. En 1941, sur ordre des autorités allemandes, la plaque fut démontée pour faire disparaître les inscriptions françaises. Une nouvelle inscription en allemand fut gravée sur la plaque avec un dessin de la croix de fer avec palme. Après le retour à la France, la plaque allemande fut enlevée à son tour. Une nouvelle plaque a été inaugurée le 11 novembre 1953, on y plaça deux petites croix celtiques.
Cette ancienne plaque a mal vieilli, elle a été reproduite à l’identique. »


De nombreux maires du Kochersberg et de l’Ackerland étaient présents, et au premier rang, Mme Ghyslène Lebarbenchon, maire de St Martin de Varreville, commune du département de la Manche sur laquelle se trouve Utah Beach où a débarqué la 2ème DB.


Un impressionnant cortège s’est dirigé vers la Klamm, avec de nombreux porte-drapeaux, des gendarmes, des militaires,

Des pompiers, des reconstituteurs, des officiels dont de gauche à droite le colonel de la Gendarmerie, la députée Martine Wonner, le Sous-préfet Dubreuil, le lieutenant-colonel DMD Didierdefresse, suivi des élus de la com com et Ghyslène Lebarbenchon.

« Il y a 75 ans j’étais ici » se souvient Albert Lorentz, âgé de 9 ans à l’époque, lorque des soldats allemands et le curé annoncèrent la venue des Américains. « Notre surprise fut grande en voyant arriver des français, avec des calots rouges, et dont certains parlaient l’alsacien ! Peu après 15 h, le général Leclerc a été accueilli à l’entrée du village par l’ancien instituteur, exclu de l’école par l’occupant car officier français ».

Le colonel Gilles Beyl puis le sous-préfet Dubreuil se sont exprimés. « … aujourd’hui notre reconnaissance va plus particulièrement vers ces soldats de la 2ème DB qui, partis de Koufra, ont respecté leur serment : jurons de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. Ils sont venus jusqu’ici le 23 novembre 1944 pour nous rendre la liberté et éviter des bombardements qui auraient entrainé de nombreux morts. Nous leur témoignons toute notre reconnaissance, conscients des sacrifices qu’ils ont consentis pour assumer leur mission. La borne que nous inaugurons aujourd’hui, pour nous et les générations futures, est le témoin de leur courageuse épopée. Par leur courage ils ont permis le rétablissement de nos valeurs républicaines et l’espoir d’un avenir meilleur. Mais il faut savoir rester vigilant. La paix est loin d’être universelle et nos soldats sont encore trop nombreux à être engagés, mourir ou être blessés sur des théâtres d’opérations extérieurs mais aussi chez nous dans le cadre de Vigipirate. A ces morts en opex nous rendons aussi hommage.
La réconciliation entre les états européens a débuté par celle qui fut scellée par le général de Gaulle et le chancelier Adenauer. Tout se prête désormais à l’enfouissement d’un passé sanglant. Œuvrons tous ensemble pour que la paix devienne la plus universelle possible dans l’intérêt bien compris de tous.
Vive la paix, vive la France et vive l’Europe. »


En présence du général Cuche président de la fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque et du général Michel, les enfants de l’école, après avoir déposé au pied de la borne du sable en provenance d’Utah Beach, ont chanté « le chant de le 2ème DB » et « l’hymne à la joie » avec beaucoup d’enthousiasme, dirigés par Carole Lambert et accompagnés à la trompette par Fabien Michenot.

Marc Linder, sculpteur, concepteur et réalisateur du monument, devant son œuvre en grès jaune veiné de Rothbach.
« Ce monument à la paix et à l’amitié franco-allemande se présente au fond comme un mur, mais un mur ouvert, un mur sur lequel un arbre mort renait à la vie, car nous célébrons aussi le trentenaire de la chute du mur de Berlin. Paix est écrit en français, en alsacien, en allemand, en anglais, … et même en grec, pour évoquer le berceau de la démocratie » a souligné le maire dans son discours. Le consul d’Allemagne à Strasbourg monsieur Dörr, et monsieur Knecht représentant monsieur Peter Odermann maire d’Offenheim, étaient à ses côtés lors de l’inauguration de ce monument.