rue croix st andre2Le blason de la communauté villageoise d’Offenheim, une croix couchée dite de Saint André, apparait pour la première fois dans l'Armorial général d'Hozier qui, selon un édit royal de 1696 décidé par Louis XIV, fait réaliser un inventaire des blasons de tous les villages de France entre 1696 et 1702. Il est décrit ainsi : « D'argent au sautoir de gueules », la couleur « gueules » étant
le rouge.

À cette époque, Offenheim était un petit village de moins de 200 habitants. Il faisait partie du bailliage du Kochersberg, un territoire de 28 villages qui était la propriété des évêques de Strasbourg. La gestion des affaires administratives et judiciaires était confiée à un bailli siégeant à Saverne sous l’autorité du prince-évêque, cardinal de Rohan. Le village était administré par un Schultheiss (prévôt) nommé par le bailli sur proposition des chefs de famille et assisté par plusieurs élus locaux. Vers 1702, le Schultheiss d’Offenheim s’appelait Jean Christmann, propriétaire et exploitant de l'actuelle ferme Bauer. Par ailleurs, les habitants d’Offenheim devaient verser chaque année la dîme (un 10ème des récoltes) aux chanoines du chapitre St Pierre-le-Vieux à Strasbourg, appelé décimateurs, chargés de la construction et de l'entretien du clocher et du choeur de l’église.

On ne connaît pas les raisons qui ont conduit, vers 1700, au choix de la croix de St André pour le blason d’Offenheim. Selon le livre de Maurice Ruch, consacré aux maisons à colombages, « la croix de St André est symbole ou signe de prospérité, de fécondité et d’une nombreuse descendance ». Or, selon notre historien Albert Lorentz, cette même croix apparait très souvent sur les colombages des maisons alsaciennes autour de l’église d’Offenheim. Les émissaires du Roi venus à Offenheim vers 1700 pour s’enquérir d’un blason local, et en l’absence de blason aristocratique, auraient-ils décidé d’employer cette caractéristique architecturale ? Ou bien, nos élus ont-ils été bien inspirés de faire cette proposition, comme ceux de Truchtersheim qui ont choisi le soc de charrue ou ceux de Pfettisheim une pince ? Rien n’est établi historiquement, mais cette hypothèse serait aussi crédible que séduisante.

Ici, la croix de St-André n’est pas considérée comme un symbole religieux, mais plutôt un signe multiplicateur, un signe de réussite, d’abondance et de prolificité, présent sur les anciennes façades des maisons alsaciennes. Comme pour la plupart de rues de la commune, la plaque bilingue fait référence au nom alsacien du lieu-dit qui apparait aussi sur le plan cadastral : « Züem kúrze Peter ».